Évaluation de l’ampleur du commerce illicite des produits tabagiques dans certains pays de la CEDEAO

Cette étude a pour objectif de mettre en exergue des éléments fondamentaux pour appréhender les dynamiques de consommation de cigarettes et le commerce illicite dans les pays de la CEDEAO. Les résultats révèlent une élasticité-prix notablement élevée de la demande de cigarettes, estimée à −1.5. Une telle valeur indique une sensibilité marquée des consommateurs aux variations de prix, démontrant ainsi l'efficacité potentielle des politiques fiscales sur le tabac pour réduire la consommation. Par ailleurs, la part du commerce illicite constitue un dé majeur dans la région, représentant en moyenne 21.35% du marché total. Cependant, cette moyenne masque d'importantes disparités entre pays : des niveaux extrêmement élevés sont enregistrés dans des pays comme la Guinée (33.33%), tandis que d'autres, comme le Cap-Vert, maintiennent une prévalence négligeable grâce à des cadres institutionnels relativement robustes et des conditions géographiques dissuasives. L'analyse met également en lumière l'importance des effets spatiaux dans la compréhension des dynamiques transfrontalières. Bien que leur contribution directe au modèle de demande de cigarettes s'est avérée statistiquement non significative, leur prise en compte a enrichi la compréhension des interactions trans frontalières, soulignant la nécessité d'une lecture régionale des politiques de lutte contre le commerce illicite. Ces résultats offrent ainsi une perspective holistique, mêlant données économiques, comportementales et institutionnelles pour une compréhension approfondie des dynamiques régionales. Commerce illicite et politiques de réduction : Les simulations réalisées confirment qu'une réduction du commerce illicite influence directement le prix moyen des cigarettes. Cette hausse des prix se traduit par des impacts différenciés sur la consommation et les recettes fiscales selon les contextes nationaux. Dans les pays où le commerce illicite est relativement important, comme le Burkina Faso, une réduction substantielle de ce phénomène entraînerait une augmentation significative des recettes fiscales et une diminution de la consommation globale, renforçant ainsi l'efficacité des politiques de taxation. En revanche, dans des pays où le commerce illicite est limité, comme le Cap-Vert, les gains en recettes fiscales seraient plus marginaux, mais la stabilité institutionnelle resterait un atout clé. L'analyse démontre qu'une coordination régionale renforcée apparaît indispensable. Une telle coopération peut réduire l'attrait des cigarettes illicites en harmonisant les politiques fiscales et en comblant les écarts de prix entre pays voisins. Ainsi, des efforts ciblés, tels qu'un renforcement des contrôles douaniers, seraient particulièrement efficaces dans les zones où les disparités de prix favorisent le commerce illicite.